Rébellion de Aly Ngouille, futures confrontations électorales, bilan de Macky : Amadou Ba devant le chantier de son destin…
«Fonctionnaire milliar-daire», «le Bazoum du Sénégal» ou «l’incarnation de la France-Afrique» ! Ces slogans lancés par des internautes avec un trop-plein de débit, ne vont pas gêner outre mesure le candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby). Amadou Ba, pièce maîtresse et comptable du régime de Macky Sall, ne va certainement pas se garder de rappeler à ses concurrents la moyenne de croissance économique réalisée depuis 10 ans dont il est le grand artisan. Seulement, le bilan de Macky Sall n’est pas totalement rose. Comment assumer l’entièreté du legs tout en évitant le débit immatériel des 12 ans du régime ? Ce sera le plus grand défi de Amadou Ba.
En effet, le passage de Macky Sall à la tête de l’Etat a permis de redessiner le visage du Sénégal. Ses réalisations physiques innombrables contrastent avec les nombreux ratés dans la gouvernance. Auxquels s’ajoutent les démêlés judiciaires des adversaires politiques. Même si tout Sénégalais doit répondre de ses actes devant la Justice, le fait que des opposants présentés comme de probables candidats à la succession de Macky soient écartés de joutes électorales, a contribué à placer aux yeux de l’opinion, le régime dans le lot des gouvernements qui utilisent la Justice pour conserver le pouvoir. Et dans cette logique, Macky Sall, qui a pu éviter d’affronter Khalifa Sall ou Karim Wade, n’a pas fait un cadeau à son candidat en réhabilitant ces derniers. Quand il occupait les postes de ministre des Finances et des Affaires étrangères, Amadou Ba semblait éloigné des querelles politiciennes. Mais étant le Premier ministre du gouvernement de «combat» qui a emprisonné Ousmane Sonko, il est désormais lié à cette affaire.
Quelles sont les chances de Amadou Ba face à Khalifa Sall et Karim Wade dans un contexte de tension sur le plan économique et de forte contestation politique ? En tout état de cause, devant cette bataille qui s’annonce épique, l’ancien argentier du pays devra, à défaut d’élargir sa coalition, la conserver intacte pour préserver ses chances. Ce qui s’annnonce comme un autre souci. En effet, Aly Ngouille Ndiaye ne semble pas être dans les dispositions de se ranger derrière le choix de Macky. Sa démission du gouvernement de Amadou Ba en dit long sur ses intentions. Abdoulaye Daouda Diallo, moins incisif que l’ancien ministre de l’Agriculture, fait encore dans le clair-obscur. Il n’a toujours pas montré un signe d’approbation. Une rencontre serait prévue aujourd’hui avec Macky Sall pour le convaincre de rentrer dans les rangs.
Outre ces équations, Amadou Ba, qui est le seul membre de la coalition à avoir gagné à Dakar, devra réitérer cette performance au niveau national pour conserver le pouvoir. En effet, depuis 2019, Bby ne cesse de perdre du terrain. Aux dernières élections locales, le pouvoir avait expliqué la perte de certaines grandes villes comme la conséquence des divisions de ses membres. Après l’union sacrée décrétée derrière Mimi Touré pour les Législatives, l’opposition a failli réussir une cohabitation. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, l’opposition n’a obtenu un si grand nombre de sièges.
Cette dynamique qui s’est enclenchée depuis les Locales va-t-elle s’estomper avec Amadou Ba ? En tout cas, il a intérêt s’il veut assurer la continuité du pouvoir.
Toutefois, parmi ses chances de victoire, outre l’emprisonnement et la mise à l’écart de l’opposant le plus incisif, Ousmane Sonko, il y a surtout la césure advenue dans les rangs de ladite opposition, qui va devoir affronter Amadou Ba en rangs dispersés, avec des gens revendiquant la ligne de Ousmane Sonko, contre des militants de Taxawu, dirigés par Khalifa Sall, et ce qui reste des Libéraux qui croient encore en l’étoile de Karim Wade. Face à cela, si Amadou Ba ne gagne pas au premier tour d’une élection, il serait le dernier des tocards de ne pas se placer à un éventuel second tour !