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Samba Kanté: « CETTE BERLUE QUI NOUS RETARDE »

 

En allant à l’aventure, nos parents halpulare ont l’habitude de dire que, de plus loin du pays mieux c’est pour voyager. Après avoir réalisé quelques économies, nombreux sont les émigrés qui cassent leurs tirelires pour s’engager dans de nouvelles aventures. Ils lâchent leurs proies pour l’ombre pour ensuite être dans la dèche dans leurs nouveaux pays d’accueil. D’autres, roulant comme des pierres, n’amassent point mousse. Habitués à changer souvent de métier ou de pays, ils finissent par ne rien réaliser.
Dans le cadre des migrations internationales, ceux qui réussissent constituent une infime minorité par rapport à ceux qui échouent. Que d’argent perdu par les candidats à l’émigration dans les lieux de départ, au cours du trajet et dans les lieux d’arrivée ! Sory Kaba, ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur, a donc raison de dire que « ce n’est pas la misère qui migre ». Il faut vraiment manquer d’esprit entrepreneurial pour dépenser des millions ou centaines de milliers de francs CFA pour obtenir un visa, voyager à bord d’avions, en voiture ou dans des embarcations de fortune. Pour ensuite, pour les rescapés au cours du périlleux trajet, être un éternel sans-papiers sauvagement exploité, un bouc-émissaire, un racisé ! Ce qui manque à de nombreux émigrants c’est l’esprit d’entreprise, l’organisation et la méthode. Au lieu d’investir à perte dans l’aventure, les candidats à l’émigration doivent refuser la facilité et les raccourcis et apprendre à réussir leur vie à force de persévérance et de foi, travailler avec patience et continuer à accumuler le capital là où la chance a commencé à leur sourire.
D’ailleurs on ne va pas aveuglément vers la chance, on la provoque en saisissant les bonnes occasions. On ne va pas vers la richesse, on s’ingénie pour créer la richesse. Les pays de cocagne ne sont que des mirages. L”eldorado européen ou américain n’existe pas. Il faut se départir de certaines idées fausses, prôner les vertus de discipline et d’épargne, être résilient, avoir des initiatives et des mérites individuels et faire des investissements utiles. L’argent qu’on dépense pour le transport ou pour donner aux passeurs (ces négriers modernes) peut être utilisé comme fonds d’investissement pour ensuite fructifier le capital quelques années plus tard. Une vendeuse de cacahuètes, à force d’accumuler de l’argent, peut devenir propriétaire d’une grande entreprise. Les pulaars ont l’habitude de dire que, n’aies pas peur de celui qui perçois un gros salaire, méfie toi de celui qui épargne.
La foi se mesure d’abord à l’aune de la croyance en soi. On est un mauvais croyant si on ne croit pas à ses propres capacités. C’est cette croyance en soi qui laisse à désirer dans de nombreux pays africains. Croire que le meilleur est ailleurs c’est faire preuve de faiblesse et renoncer à se construire chez soi. Il est temps de se ressaisir et de faire savoir aux jeunes que l’émigration a fait son temps et que l’avenir de l’Afrique est entre leurs mains. “Tok fi teeki fi” moy sunu wareef


Samba Kanté, Président Directeur Général de Niomré Avenir. Jeune entrepreneur et acteur engagé pour la fin de l’émigration clandestine

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