JEUNESSE DU SÉNÉGAL : MOURIR POUR NE PLUS AVOIR HONTE DU REGARD DE LA SOCIÉTÉ Par (Cissé KANE NDAO)
Cette jeunesse qui va à l’assaut de l’océan, et qui préfère la mort à l’incertitude d’un destin que rien ne dessine avec les couleurs de l’espoir pour elle est bien le signe que nous n’avons pas encore réussi à leur donner du rêve, celui de croire en un avenir conforme avec leurs espoirs d’un mieux-vivre et d’un accomplissement social dans notre pays.
Ces pirogues de la mort, qui les conduit au suicide dont Senghor disait qu’il est la dernière exigence de l’honneur chaque jour prennent la mer. Avec un nombre encore plus élevé de candidats au voyage sans retour, du fait de la raréfaction des convoyeurs par le fait de contrôles et de répressions inefficaces qui ne font que fouetter davantage les envies de voyage de notre jeunesse qui s’offre en holocauste à l’océan.
Il est quand même vrai, et nous devons le reconnaitre que la jeunesse sénégalaise ainsi que l’affirmait Chateaubriand, habite avec un coeur plein notre pays vide d’espoir pour elle, et sans avoir goûté à nulle perspective d’avenir convaincante , est désabusée de tous les discours sans actes, après avoir été pourtant à la pointe de tous les combats pour prendre en mains sa destinée.
Il pleure dans mon coeur comme il pleure dans celui de toutes les mères effondrées de douleur d’avoir enfanté des martyrs de l’obligation de réussir, pour leur faire honneur.
Le courage, c’est de regarder la mort en face et de lui préferer une vie où l’action n’est pas la soeur de ses rêves. Mais l’inconscience seule et l’innoncence de la jeunesse portée par une ambition sans bornes peuvent expliquer l’attrait mortel de l’occident qui pousse nos enfants à affronter l’océan pour échapper aux jours qui s’écoulent et se répètent avec la même banalité pénible d’une existence sans avenir.
Il est arrivé le moment de repenser notre commune volonté de vivre ensemble, et de nous retrouver ensemble, pour trouver les solutions aux problèmes cruciaux qui nous plongent chaque jour davantage vers une crise dont l’issue ne peut être que l’anomie, fatalement.
Reposez en paix.
Nous portons votre mort dans nos consciences.
Et nous en sommes TOUS coupables, ABSOLUMENT.