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«Tentative d’assassinat» : la procédure qui fragilise les accusations de Ousmane Sonko

Le président de Pastef assure que des laboratoires ont confirmé que, le 16 mars dernier, on a tenté de lui ôter la vie au moyen d’une substance nocive. Les avis d’un médecin et d’un avocat jettent le doute sur ses affirmations.

Dans un post Facebook, Ousmane Sonko accuse : «Les résultats des analyses que nous avions demandées auprès de laboratoires à l’étranger, à la suite de l’agression que nous avons subie le 16 mars 2023, nous sont enfin parvenus. Les résultats confirment bien la tentative d’assassinat sur ma personne, perpétrée par des éléments des Forces de défense et de sécurité. Nous y reviendrons très bientôt dans le cadre d’une conférence de presse portant sur ce point et sur bien d’autres.»

Le président de Pastef menace : «Nous donnerons une suite judiciaire internationale et politique en interne à cette tentative d’assassinat dont nous ignorons encore toutes les conséquences sur notre santé.»

Ces graves accusations du leader des Patriotes ont fait bondir certains responsables du pouvoir de leurs chaises. Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, estime sur Twitter que «Ousmane Sonko viole encore une fois le respect dû à nos Forces de défense et de sécurité en les accusant de tentative d’assassinat sans en apporter la preuve».

Et le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes entreprises d’avancer que «même dans les pires dictatures, on n’empoisonne pas les opposants en direct sur les téléphones et les médias». Le ministre-conseiller Seydou Guèye en écho : «En ce qui nous concerne, on ne connaît rien en empoissonnement.»

Venant d’adversaires politiques de Ousmane Sonko, ces réserves s’avèrent logiques. Mais elles ne sont pas de nature (scientifique) à fragiliser les accusations brandies par ce dernier.

«Un prélèvement doit être mis sous scellés»

En revanche les sorties sur le sujet de Dr Babacar Niang et de Me Moussa Diop poussent à s’interroger sur la rigueur de la procédure suivie lors des prélèvements évoqués par Sonko et jettent le doute sur la recevabilité des résultats des analyses en seraient issues.

«Ousmane Sonko est allé faire une contre-expertise qui ne sera pas contradictoire, remarque Me Diop dans les colonnes de Source A. Je peux me lever un bon jour, verser de l’acide sur ma chemise, aller faire une expertise et venir publier les résultats pour dire qu’on m’a versé un produit. (Cette expertise-là) n’aura aucune valeur devant la justice. Il faut qu’il y ait des preuves concrètes et palpables qu’on doit déposer sur la table pour convaincre la justice et le peuple sénégalais.»

Dans une vidéo reprise par Source A, Dr Babacar Niang, le directeur de Suma Assistance, la clinique où le leader des Patriotes a été hospitalisé après sa tentative d’assassinat présumée, se veut plus précis. Il lève un coin du voile sur la procédure à suivre pour effectuer des prélèvements médico-légaux. Et son éclairage semble fragiliser la thèse de la tentative d’assassinat, par le biais d’une substance nocive, avancée par le Patriote en chef. «Même un médecin assermenté ne suffit pas quand lui-même fait le travail», prévient-il d’emblée.

Dr Niang explique : «Un travail de prélèvement sur quelqu’un doit être mis sous scellés où toutes les personnes qui ont assisté à ce prélèvement doivent signer. Après, on envoie ces prélèvements dans des laboratoires différents tout en gardant un prélèvement à côté pour que, si demain il y a des contestations, l’huissier puisse prendre le troisième prélèvement et le donner au concerné pour qu’il l’envoie au laboratoire de son choix.»

Le médecin de poursuivre : «S’il y a des contestations, le troisième prélèvement sera effectué en présence des huissiers qui vont être des témoins devant le laboratoire capable d’examiner le produit. Ce, afin de voir si ce que le laboratoire X a sorti sera le même que l’autre. Donc, il y aura tout un combat juridique avant qu’on y arrive. Il y a des préalables qui auraient pu faciliter la chose, mais malheureusement on est dans du médico-politique.»

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